Mesdames et Messieurs les Députés élus en juin 2024,
Les Français ont témoigné par leurs derniers suffrages de plusieurs réalités :
Le peuple français sort fracturé de la séquence « Macron ». Le gouvernement à la solde de la grande finance et du grand patronat a divisé les citoyens en camps difficilement réconciliables en créant des peurs, des oppositions plus ou moins factices, en favorisant la montée de la xénophobie et du racisme, en brutalisant les groupes de citoyens proposant des alternatives, en accentuant la paupérisation de certaines catégories sociales, en mentant sur les véritables enjeux économiques et écologiques, en détruisant une bonne partie du tissus de services publics. Certains Français ne se comprennent plus, n’arrivent plus à communiquer sereinement sur l’avenir commun à bâtir. Certains citoyens sont vilipendés injustement soit par les médias, soit par une part de la classe politique…
Les Français expriment de plus en plus fortement leur rejet des élus et gouvernants, les considérant souvent comme déconnectés de la réalité, ignorants de ce qu’est la vie généralement vécue par les travailleurs ; ils estiment indécents les avantages et privilèges de ceux qui sont censés les « représenter ». Ils témoignent de plus en plus leur colère face à des « politiciens » plus intéressés par leur « tambouille » électoraliste ou arriviste que par l’intérêt supérieur de la Nation.
Les Français qui discutent entre eux, dans des associations, ou lors de mouvements populaires, expriment un ras-le-bol et une forme de désespérance devant les dérives administratives et institutionnelles, entretenues par des formes d’organisation liberticides
ou privées de bon sens.Les résultats des votes lors des législatives de juin 2024 paraissent surprenants, voire incompréhensibles. Mais, en réalité, ils signifient un profond désir de changement radical, nécessairement démocratique. Déjà, la convention citoyenne pour le climat et les écrits contenus dans les cahiers de doléances de 2019 indiquaient des critiques précises et fixaient des perspectives que jamais ni le Président de la République ni le gouvernement n’ont voulu prendre sérieusement en compte. Pire, ils ont fait l’exact contraire que ce qui ressortait de ces consultations (à l’exemple du référendum de 2005 sur l’Union Européenne).
On ne viole pas indéfiniment la conscience, la dignité, le sens de l’unité d’un peuple sans créer une frustration et une colère légitimes et potentiellement ingérables. Ce jeu dangereux, initié depuis plusieurs décennies mais devenu l’emblème de la « Macronie » aboutit à une crise politique grave dont les partis portent une large part de responsabilité.
En ce 15 juillet 2024, au lendemain d’une Fête Nationale au goût amer, les partis politiques donnent un spectacle pitoyable, indigne de l’idée que beaucoup ont pu se forger de ce que devrait être une République.
Ne parlons pas de démocratie. La Constitution de la Vème République Française favorise un pouvoir centralisé, un Président de la République omnipotent, et une mise à l’écart du peuple concernant la gestion de ses propres affaires.
Il apparaît donc aujourd’hui que, pour sortir de la crise actuelle, quelques démarches rationnelles et de bon sens doivent voir le jour :
Il faut un gouvernement provisoire d’unité nationale qui respecte le résultat des urnes. Puisqu’un nouveau front populaire de gauche s’est créé, ses initiateurs ont l’obligation et le devoir de rester unis et de respecter leur engagement pris devant les Français au lendemain du 1er tour des législatives. L’attitude de blocage du Parti Socialiste, en ces heures difficiles, est inadmissible et s’apparente ni plus ni moins à une trahison, ce qui est de fort mauvaise augure pour placer ce parti au gouvernement.
Le recours à la volonté populaire doit aujourd’hui s’imposer par l’organisation d’une Assemblée Constituante composée de citoyennes et citoyens tirés au sort pour, au minimum la moitié de ses effectifs.
En attendant le résultat des travaux de cette Assemblée Constituante, le Référendum d’Initiative Citoyenne en toutes matières doit être rendu réellement possible, de même que le gouvernement actuel a intérêt à consulter le peuple par référendum sur tout ou partie de la composition du gouvernement.
Mesdames et Messieurs les Députés, vous avez le devoir d’œuvrer dans vos partis et groupes d’opinion pour faire cesser les misérables et autodestructrices luttes intestines de votre microcosme et de vous tourner vers le seul recours légitime pour éclairer la situation présente : le Peuple Français.