De Malik Oussékine (1986) à Hedi (2023).
Dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, Malik Oussékine était un étudiant de 22 ans qui a été roué de coups de matraques par les Voltigeurs (PVM) alors qu'il rentrait chez lui. Il décèdera d'un arrêt cardiaque quelques heures plus tard. L'affaire Malik Oussékine prend une ampleur nationale et conduit à des émeutes dans tous le pays. C'est seulement en 1990 que la Cour d'Assises de Paris condamne les deux policiers à 2 et 5 ans de prison avec sursis ! A l'époque, les techniques policières n'étaient pas aussi bien encadrées qu'aujourd'hui (1). Une vidéo raconte l'histoire de Malik (2).
Enfin, c'est en 2019 que le journaliste Jean-Christophe Buisson s'excuse d'avoir affirmé que Malik serait décédé de son problème d'insuline car il souffrait d’insuffisance rénale (3).
Finalement, il est belle et bien décédé sous les coups de matraques.
Il a fallu la mort d'un homme pour supprimer une loi !!
(1) RadioFrance - 6 décembre 1986 : quand la mort de Malik Oussekine illustrait les techniques policières de l'époque
(2) FranceInfo - L'histoire de Malik Oussekine, tué en 1986 par des policiers voltigeurs
(3) FranceInfo - Un journaliste s'excuse après avoir affirmé que Malik Oussekine n'avait pas été tué à la suite de coups portés par la police
Le 26 octobre 2014, un manifestant écologiste est tué lors d'une intervention de la gendarmerie suite a un tir de grenade offensive sur le site de la ZAD de Sivens (Tarn) pour protester contre la construction du barrage. Il faut attendre 2021, soit 6 ans après le meurtre, pour que l’État soit enfin condamné à une indemnisation de 46.400 € pour « préjudice moral » envers la famille de la victime (son père, sa sœur et ses deux grands-mères) qui demandait 75.000€ chacun (1) (2). L’enquête est longue et dure plusieurs années.
(1) Le Monde - Mort de Rémi Fraisse : l’Etat condamné par la justice administrative à indemniser la famille
(2) Sud Ouest - Mort de Rémi Fraisse à Sivens : les grandes dates d’une affaire emblématique des violences policières
C'est suite à un plaquage ventral de 3 gendarmes que Adama Traoré est décédé le 19 juillet 2016 a l'age de 24 ans lors de son arrestation à Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise) alors qu'il tentait de fuir un contrôle concernant son frère aîné (1). Durant l’enquête, les expertises médico-légales concernant la cause de la mort divergent depuis 2016 : malaise cardiaque, syndrome asphyxique, syndrome asphyxique aigu, plaquage ventral,... ? Une enquête vidéo du Monde, publiée en 2020, explique les dernières heures qui ont conduit a la mort d'Adama (2).
Entre 2020 et 2022, la famille demande 3 contre-expertises (3). Ensuite, en juin 2023, la Défenseur des Droits retient la « proportionnalité de l'usage de la force » (4).
Pour finir, le 26 juin 2023, le parquet de Paris demande un non-lieu, mais la famille fait appel (5). L'affaire risque d’être longue en espérant que les gendarmes soient déclarés coupables et payent de leurs responsabilités !
(1) France Info - Mort d'Adama Traoré : on vous explique ce que disent les différentes expertises qui se suivent et se contredisent depuis 2016
(2) Le Monde - Enquête vidéo : le déroulé des événements qui ont conduit à la mort d’Adama Traoré
(3) Wikipédia - Affaire Adama Traoré / Contre-expertise de juin 2020
(4) BFM TV - Adama Traoré: la défenseure des droits demande des "poursuites disciplinaires" contre les gendarmes
(5) Le Monde - Affaire Adama Traoré : les juges d’instruction prononcent un non-lieu
Le 2 février 2017, quatre policiers contrôlent un groupe de jeunes à Aulnay- Sous- Bois (Seine Saint Denis). Durant l’interpellation, 3 policiers maîtrisent Théo et le quatrième tient le groupe a distance à l’aide de gaz lacrymogènes.
Ensuite, un policier lui insère sa matraque dans l’anus, le blessant grièvement et le rendant handicapé à vie. Une vidéo de BFM TV explique l’interpellation (1).
C’est seulement 7 ans après les faits que les 3 policiers comparaissent devant les Assises, l’auteur du coup de matraque est poursuivi pour « violences volontaires ayant entraîné une infirmité permanente » et encourt 15 ans de prison.
Pourtant, le commissaire de l’IGPN parle de « réactivité remarquable » (2).
L’IGPN est du coté de la police et le restera !! L’affaire suit son cour.
(1) BFM TV - Affaire Théo Luhaka: la vidéo de l'interpellation au coeur du deuxième jour du procès
(2) FranceInfo - Affaire Théo Luhaka : les vidéos de sa violente interpellation diffusées au deuxième jour du procès
C'est à la suite d'un contrôle policier qu'un CRS a tiré sur le jeune homme de 22 ans le 3 octobre 2018 à Nantes. Concernant les problèmes judiciaires, il était sous le coup d'un mandat d’arrêt (1). Et au sujet du CRS, il a fallu attendre deux ans pour qu'il soit mis en examen pour « violences volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner », il aurait ouvert le feu accidentellement et il évoque la légitime défense (2). Pour finir la mort a déclenché cinq nuits d'émeutes.
En 2020, la reconstitution du meurtre d'Aboubacar est réalisé durant 11 heures (3).
(1) Nouvel Obs - Nantes : qui est Aboubakar Fofana, le jeune tué lors d'un contrôle de police ?
(2) FranceInfo - Nantes : le récit du policier mis en examen
(3) 20 minutes - Mort d’Aboubacar Fofana à Nantes : Une reconstitution pour vérifier les explications du policier
Le 2 décembre 2018, Zineb Redouane est décédée à l’hôpital de Marseille suite à un tir de grenade lacrymogène durant une manifestation de gilets jaunes, alors qu'elle se trouvait au 4eme étage de son immeuble.
Selon le procureur de Marseille, elle serait morte suite à « un arrêt cardiaque sur la table d'opération ». La première autopsie parlera de « fractures costales et un œdème pulmonaire aigu », la seconde réalisée en Algérie, les experts algériens concluent à « un important traumatisme facial ». En juillet 2019, la famille de la victime dépose plainte pour « faux en écriture publiques aggravés ». Le 20 mai 2020, le rapport d'une expertise balistique soutient que « l'arme a été utilisée selon les procédures en vigueur selon la police nationale », alors que la grenade a percuté le thorax de madame Redouane à 16 mètres de hauteur et a une distance d'environ 37 mètres ! La police fait-elle correctement son boulot ? (1)
Enfin, une contre-enquête vidéo met en cause les CRS et le rapport d'expertise (2) (3).
(1) FranceInfo - Mort de Zineb Redouane : trois ans après, on vous résume la procédure judiciaire en six actes
(2) Le Monde - Mort de Zineb Redouane : une contre-enquête vidéo indépendante met en cause les CRS et le rapport d’expertise
(3) BFM TV - Mort de Zineb Redouane: selon une contre-expertise indépendante, "la responsabilité du tireur et celle de son superviseur restent clairement engagées"
Le 26 janvier 2019, durant une manifestation de gilets jaunes à Paris, il reçoit une grenade de LBD (Lanceur de Balles de Défense) à l’œil et le perd (1). Suite à cela, le premier policier est mis en examen pour « violences volontaires ayant entraîné une mutilation ». Le second est poursuivi pour « violences volontaires aggravées » (2).
Il restera une figure emblématique des gilets jaunes (3). Il porte toujours la haine envers le gouvernement français (4) et l’État qui a détruit sa vie (5).
(1) FranceInfo - "Gilets jaunes" : qui est Jérôme Rodrigues, l'une des figures du mouvement, blessé à l'œil samedi à Paris ?
(2) Le Point - Éborgnement de Jérôme Rodrigues : deux policiers mis en examen
(3) Le Parisien - Jérôme Rodrigues, le militant blessé devenu une figure des Gilets jaunes
(4) Les docs du web - Quand Jerome Rodrigues prend le micro...
(5) BFM TV - Jérôme Rodrigues: "L'État a détruit ma vie"
Dans la nuit du 21 au 22 juin 2019 (durant la fête de la musique), Steve alors âgé de 24 ans, se rend à une soirée Électro à Nantes. C'est après 4 heures du matin (heure limite autorisée) que les policiers décident d'évacuer les fêtards et, selon eux, les participants auraient agressé les policiers. Au contraire, les participants et les secouristes présents déclarent la panique qui aurait conduit à la chute de plusieurs personnes dans la Loire. Selon un rapport de l'IGPN, les policiers auraient utilisé des gaz lacrymogènes suite aux agressions des participants envers les policiers. Et suite à la chute de Steve, ne sachant pas nager, il se serait noyé dans la Loire.
Durant l’enquête, 8 personnes (physiques et morales) sont convoquées par le juge d'instruction et 3 informations judiciaires sont instruites dans cette affaire. La première pour « homicide involontaire » concernant la mort de Steve, la seconde pour « mise en danger de la vie d'autrui » concernant l'intervention policière et la troisième pour « violences sur personne dépositaire de l'autorité publique ». (1)
Selon la vidéo d'une personne présente au moment des faits, on remarque la violence des policiers durant la dispersion des derniers fêtards.
Pour conclure, on ne sait toujours pas qui est responsable de la mort du jeune homme (2).
Et pour finir, si la police assume un jour sa responsabilité, elle ne dira jamais qu'elle est coupable ! RESPONSABLE MAIS PAS COUPABLE !!
(1) Le Monde - Mort de Steve Maia Caniço : un commissaire de police mis en examen
(2) FranceInfo - Mort de Steve Maia Caniço : les zones d'ombre qui persistent dans le rapport de l'IGPN
C'est le soir du 21 novembre 2020, durant le deuxième confinement du au Covid 19, et alors qu'il rentrait dans son studio d'enregistrement, que Michel Zecler est suivi par deux policiers qui l'interpellent dans son studio pour non-port du masque dans la rue (1). Ayant vécu une jeunesse chaotique qui l'a conduit en prison entre 17 et 24 ans, il affirme qu'il a tout fait pour être irréprochable.
Coté juridique, les 4 policiers sont mis en examen et 2 d'entre eux sont placés en détention provisoire pour « violences volontaires par personnes dépositaire de l'autorité publique » (2).
Un an après les faits, Michel raconte la haine des policiers, ses blessures et la suite de sa vie. Une interview choquante (3) !
(1) Loopsider - L'agression de Michel Zecler filmée d'un autre angle
(2) Le Point - Affaire Michel Zecler : un an après, les policiers restent suspendus
(3) BFM TV - Michel Zecler, victime de violences policières, est l'invité de BFMTV
Le 14 juin 2023, dans la banlieue d’Angoulême, Alhoussein Camara âgé de 19 ans et originaire de Guinée, est décédé suite au tir d'un policier et dans les mêmes circonstances que Nahel Merzouk (décédé quelques semaines plus tard). Mais, à la différence de Nahel, Alhoussein ne possédait ni témoins, ni vidéos. D'un autre coté, il résidait dans un FJT (Foyer de Jeunes Travailleurs) et travaillait à l’Intermarché de Rouillet.
Durant l’enquête, le policier auteur du tir mortel a déclaré que la voiture zigzaguait sur la route et que le jeune homme aurait refusé d'obtempérer.
Par la suite, le policier sera mis en examen pour homicide volontaire. Plus tard, et selon un rapport de l'IGPN, on apprendra que les premiers éléments de l’enquête contredisent la version du policier. Pour finir, Alhoussein était inconnu de la justice, selon le parquet (1) (2).
(1) Le Monde - Guinéen tué en Charente : le policier mis en examen pour homicide volontaire
(2) RadioFrance - Mort d’Alhoussein Camara près d’Angoulême : la version policière remise en cause par l’enquête
Le 27 juin 2023, Nahel Merzouk un adolescent franco-algérien âgé de 17 ans est mort suite au tir à bout portant d'un policier lors d'un contrôle routier à Nanterre. Deux autres personnes âgées de 14 et 17 ans sont passagers à bord de la voiture. Selon la police, il s'agirait d'un refus d'obtempérer et que Nahel leurs aurait foncé dessus. Et selon Fouad (prénom modifié), déclare que Nahel se serait finalement arrêté, bloqué dans un embouteillage, qu'il aurait baissé la fenêtre à la demande du policier et Nahel a baissé la fenêtre. Puis les deux policiers se sont penchés à la fenêtre, l'un après l'autre, et ils ont mis un « coup de crosse » chacun. Et comme Nahel était sonné, son pied s'est enlevé du frein et comme c'est une voiture automatique, elle a avancé toute seule. « Le policier situé prés de la fenêtre a dis à son collègue: Shoote-le ! ». Puis le motard situé a l'avant a tiré. « Le pied de Nahel s'est bloqué sur l'accélérateur. » Et comme Nahel ne répondais pas, Fouad a paniqué et a alors pris la fuite, de peur qu'on ne lui tire dessus (1). L'autre passager a, lui aussi, tenté de fuir et a immédiatement été interpellé. Une vidéo publiée sur Tiktok affirme les propos tenu par Fouad (2). De plus, le procureur de la République de Nanterre déclare dans une vidéo que « les conditions légales de l'usage de l'arme ne sont pas réunies et il a été déférée en détention provisoire » (3). Et l’enquête suit son cours.
Certaines personnes se demanderont toujours comment un jeune de 17 ans peut conduire une Mercedes (4).
(1) Midi Libre - Mort de Nahel : "Il lui a dit : Éteins le moteur, ou je te shoote !", le passager raconte sa version des faits
(2) Hugo Décrypte - Mort de Nahel : Le 3e passager vient de se rendre à la police
(3) Le Parisien - Mort de Nahel : le policier auteur du tir déféré et suspendu administrativement
(4) Watson - Pourquoi Nahel conduisait une voiture immatriculée en Polognee
Dans la nuit du 1er au 2 juillet 2023 âgé de 22 ans, Hedi est atteint à la tempe par un tir de LBD, en marge d'une émeute suite à la mort de Nahel. Il est ensuite tabassé par des policiers de la BAC dans une ruelle sombre et subit un traumatisme crânien.
Quelques semaines plus tard, il témoigne de la gravité de ses blessures (1). Ainsi, de nouvelles images de vidéosurveillance qui contredisent les versions de certains policiers accusés ont été dévoilées par Mediapart (2).
L'auteur du tir est mis en examen en détention provisoire, un des trois autres a reconnu les faits, en les minimisant (3). L'affaire suit son cours.
(1) BFM RMC - "Pourquoi moi?": Hédi, victime d'un traumatisme crânien après un tir de LBD à Marseille, témoigne
(2) BFM Marseille - Affaire Hedi: de nouvelles images dévoilées
(3) Le Parisien - Affaire Hedi : des images de vidéosurveillance contredisent le récit de certains policiers
Crédits photos :
Soutien d'un Gilet jaune aux victimes de la violence policière, le 12 janvier 2019, acte IX, face à la Mairie de Marseille. (photo Radio Nova, Wikimédia Commons)
Adama Traoré, Amine Bentounsi Ali Ziri, Wissam El Yamni, Lamine Dieng, Mehdi Bouhouta, Hocine Bourras, Amadou Koumé, Abdoulaye Camara, Babacar Gueye, Morad Touat, Lahoucine Ait-Omghar, Aboubakar Fofana, et tant d’autres… Tous assassinés par la police. Tout comme Zineb Redouane, octogénaire marseillaise, décédée après un tir de grenade lacrymogène lors de la manifestation du 1er décembre à Marseille.Hommage à Malik Oussekine, le 6 décembre 2016 (photo Mathieu Delmestre, Flickr)
Rémi Fraisse, écologiste de 21 ans, mort le 26 octobre 2014 sur le site du barrage contesté de Sivens (Tarn), après un tir de grenade offensive par un policier (photo Jeanne Menjoulet, Flickr)
Lors de la « Marche pour Adama » le 21 juillet 2018, en soutien à Adama Traoré mort à la gendarmerie de Persan en juillet 2016 (photo Chris93, Own work)
Portrait d'Aboubakar Fofana, maitre de l'indigo, 12 février 2018 (photo Saâd A. Tazi, Own work)
En mémoire de Zineb Redouane, femme tuée par la police, affiches rue d'Aubagne à Marseille, le 5 décembre 2020 (photo Lewisiscrazy, Own work)
Jérôme Rodrigues, un des militants du mouvement des gilets jaunes, éborgné le 26 janvier 2019 place de la Bastille ; présent ici le 16 février 2019 boulevard Saint-Michel, pendant la manifestation de l'acte XIV (photo Thomon, Own work)
La fresque représente la scène de l'intervention de la police lors de la nuit du 21 au 22 juin 2019 pour faire arrêter une soirée techno sur le quai Wilson le long de la Loire à Nantes pour la Fête de la Musique, auteur anonyme, mention « Nantes Révoltée » le 30 août 2019 (photo Erwan Corre, Own work)
Manifestation à Paris, le 28 novembre 2020, de la place de la République à la place de la Bastille, contre la proposition de loi relation à la sécurité globale (photo Jules, Own work)
Marche blanche pour Nahel à Nanterre, le jeudi 29 juin 2023 (photo Silanoc, Own work)
Cet article est le cinquième d'une série qui en comprendra 7 et que nous publierons au fil des semaines à venir. Il s'agit du travail de recherche de Johann (Gilet Jaune, membre de notre groupe) qui a souhaité apporter La Vérité sur les mouvements sociaux et les violences policières ayant eu cours ces dernières décennies.
Les écrits de Johann s'appuient sur des faits bien réels dont il apporte la preuve avec des références aux informations glanées sur les sites de médias tout à fait reconnus : Radio France, France Info, Le Monde, BFM TV, Nouvel Obs, Le Point, etc...
Les premiers chapitres s'attachaient d'abord à décrire l'évolution de la police française, à partir du quatrième nous sommes entré dans le vif du sujet, La Vérité qui ne surgit que bien trop subrepticement dans les médias mainstream sans susciter de vrai débat.
Chapitre précédent : 4. Les violences policières
Chapitre à paraître : 6. Les grands mouvements sociaux
Chapitre à paraître : 7. Les agriculteurs en colère