Le mouvement des gilets jaunes est protĂ©iforme. Il nâa pu ĂȘtre assimilĂ© ni Ă aucun parti ni Ă aucun syndicat malgrĂ© les tentatives des observateurs pour « classer » ces citoyens mĂ©contents, déçus, en colĂšre, prĂȘts Ă proposer des solutions, mais que le pouvoir en place a refusĂ© dâĂ©couter, a mĂ©prisĂ©, a rĂ©primĂ© avec la plus grande violence.
La sociologie des Gilets Jaunes a interpellĂ© la classe politique car la plupart des personnes qui ont intĂ©grĂ© le mouvement est tout Ă fait intĂ©grĂ©e Ă la majoritĂ© reprĂ©sentative de la sociĂ©tĂ© française actuelle : des travailleurs et des retraitĂ©s pour une bonne part, peu de chĂŽmeurs, quelques personnes en situation de handicap reconnu. Toutefois, on note assez peu de jeunes qui, eux, prĂ©fĂšrent des mouvements de revendications et de mobilisations plus axĂ©s sur lâavenir Ă©cologique ou plus polarisĂ©s politiquement.
On sây cĂŽtoie malgrĂ© des tendances Ă©lectorales diverses afin de dĂ©fendre de grandes lignes en matiĂšre de justice sociale, de dĂ©mocratie, de revendications Ă©conomiques, de besoins urgents en matiĂšre de services publics. DĂšs les dĂ©buts du mouvement, une proclamation issue du « Vrai DĂ©bat » (pour ironiser sur le pseudo-dĂ©bat initiĂ© par Mr Macron) fixait des objectifs de bon sens, humanistes et solidaires.
Parmi les Gilets Jaunes se trouvent des citoyennes et citoyens tout Ă fait instruits, au contraire de lâimage rĂ©ductrice qui fut vĂ©hiculĂ©e pour discrĂ©diter le mouvement. Et ces personnes ont su exprimer clairement le ressenti et les attentes de tous ceux qui se reconnaissaient en ce combat. Les ronds-points, centres nĂ©vralgiques des premiers mois de lutte, ont permis Ă des gens que rien ne destinait Ă se frĂ©quenter a priori, de dialoguer, de partager des analyses, des opinions, des moments de camaraderie au-delĂ des clivages habituels. Et cela a provoquĂ© trĂšs rapidement lâĂ©mergence de revendications claires et un sentiment dâappartenance Ă un peuple malmenĂ© et surexploitĂ© par les puissants en place. Une Ă©mulation Ă©mancipatrice se dessinait.
Câest alors quâoutre la lutte contre la hausse des prix (hausse dont on a vu depuis quâelle sâest considĂ©rablement accrue), on a vu apparaĂźtre la proposition trĂšs sĂ©rieuse du RĂ©fĂ©rendum dâInitiative Citoyenne (R.I.C) en toutes matiĂšres (constituant, abrogatoire, rĂ©vocatoire, lĂ©gislatif) ainsi que des ateliers constituants dont certains ont accouchĂ© de Constitutions alternatives pour la France, preuve que les Gilets jaunes cogitaient fort !
Ce sont ces initiatives populaires indĂ©pendantes qui ont le plus effrayĂ© le pouvoir en place. Il ne fallait pas que ces « idĂ©es subversives » puissent « contaminer » toute la population. De plus les Gilets Jaunes ne voulaient dâaucun leader. Ils souhaitaient et souhaitent toujours un fonctionnement horizontal et aucune tentative dâingĂ©rence ni dâaccaparement de responsabilitĂ©s dans leurs groupes. Ainsi, aucune rĂ©cupĂ©ration, aucune corruption possible !
Bien sĂ»r, ils se montrent moins nombreux car la rĂ©pression a Ă©tĂ© monstrueusement inĂ©dite et cruelle. Mais ceux qui osent encore ĂȘtre visibles ont choisi des actions de terrain : Ă©ducation populaire, sensibilisation et analyses politiques a-partisanes, opĂ©rations humanitaires et solidaires envers les plus prĂ©caires, actions culturelles, rencontres dâĂ©lus, rencontres de journalistes... Car la graine a Ă©tĂ© semĂ©e dans les esprits. MĂȘme si nous traversons une pĂ©riode propice Ă lâanxiĂ©tĂ© et Ă lâagressivitĂ© en raison des profondes fractures dont souffre notre nation et dâune gestion quâils jugent inappropriĂ©e de notre pays, ils croient toujours possible un sursaut citoyen animĂ© par le souci de lâintĂ©rĂȘt du peuple.
Les Gilets Jaune Nancy Porte Sud, basĂ©s autour du rond-point dâHoudemont-Heillecourt (communĂ©ment appelĂ© rond-point "Botanic"), nâont jamais lĂąchĂ© leur combat en cinq ans. Leur blog tĂ©moigne dâune activitĂ© soutenue mĂȘme pendant lâĂ©pisode de la COVID 19. Ils ont publiĂ© tracts thĂ©matiques, articles, vidĂ©os de confĂ©rences diverses. Ils ont participĂ© Ă de nombreuses luttes, notamment contre la rĂ©forme des retraites oĂč ils Ă©taient en premiĂšre ligne dans les manifestations nancĂ©iennes.
Toujours prĂ©sents rĂ©guliĂšrement sur « leur » rond-point et au contact des passants, ils constatent la souffrance, lâamertume et le profond ras-le-bol dâune majoritĂ© de leurs concitoyens. Rares sont ceux qui leur sont hostiles. Et câest ce capital de sympathie qui les a convaincus de continuer mĂȘme sâils aimeraient accueillir bien plus de nouveaux rĂ©sistants dans leur groupe.
Il est possible de suivre notre actualité sur la page Facebook et sur le site Web.