Le mercredi 1er fĂ©vrier nous vous proposions une causerie sur le thĂšme de l'État, notion complexe qui embrasse des idĂ©es fort diffĂ©rentes. Les conceptions qu'on en a ou qu'on en eut ont elles aussi variĂ©.

A travers l'histoire et les rĂ©flexions qui ont portĂ© sur ce thĂšme, SĂ©bastien GINHOUX, professeur agrĂ©gĂ©, doctorant en histoire mĂ©diĂ©vale, a cherchĂ© Ă  dĂ©finir l'État et Ă  comprendre ce qu'est rĂ©ellement l'Etat moderne. Cela a permis un aller-retour rĂ©current avec le monde qui nous entoure, ce qui a apportĂ© des Ă©lĂ©ments d'analyse aussi bien au niveau gĂ©opolitique qu'au niveau national.


La causerie de SĂ©bastien Ginhoux

SĂ©bastien pose en prĂ©alable une dĂ©finition de l'État.

Selon le Centre National des Ressources Textuelles et Linguistiques, l’État est une « autoritĂ© politique souveraine, civile, militaire, ou Ă©ventuellement religieuse, considĂ©rĂ©e comme une personne juridique et morale, Ă  laquelle est soumis un groupe humain vivant sur un territoire donné ». J’ai soulignĂ© les Ă©lĂ©ments rĂ©ellement dĂ©finitoires, c’est-Ă -dire ceux qui introduisent une rĂ©elle discrimination permettant une vision plus prĂ©cise donc une dĂ©finition plus juste de l’État.

Pour autant, cette dĂ©finition reste globalement vide, trop large, car tout et son contraire peuvent y entrer. Pour comprendre au mieux la rĂ©alitĂ© de l’État, il nous faut nous intĂ©resser Ă  la notion comme telle et aux processus historiques de formation de l’État moderne, car les États rĂ©els ne sont rien d’autre que ce qu’a fait d’eux le passĂ©.

Deux questions nous guideront :

  • Notre État est-il moderne ?
  • L’État moderne peut-il ĂȘtre dĂ©mocratique ?


Des échanges avec une assemblée intéressée ont eu lieu au fil de l'exposé et notamment lors des pauses de notre caméraman bénévole contraint par les capacités de son matériel de prise de vue.


Si vous n'avez pas le temps de regarder la vidéo

Sébastien propose ce résumé.

I- La notion d’État

1. L’État comme nĂ©cessitĂ©

Au XVIIe, Thomas Hobbes Ă©crit le LĂ©viathan, inspirĂ© de son expĂ©rience de la guerre civile amĂ©ricaine de 1642-1649. Il tire de cette expĂ©rience traumatique l’idĂ©e que les hommes sont naturellement violents et pris dans la « guerre de tous contre tous ». On en conserve la phrase : Homo homini lupus est, l’homme est un loup pour l’homme.

Pour remĂ©dier Ă  cette situation et assurer Ă  l’humanitĂ© une existence de long terme, il ne voit qu’une solution : tous doivent consentir Ă  abandonner leur libertĂ© au profit d’un seul, qui devient alors tout-puissant, dĂ©positaire d’une puissance souveraine qui lui permet de rĂ©primer la violence innĂ©e des hommes.

Hobbes n’emploie cependant pas le terme d’État, et son idĂ©e est fondĂ©e sur une contradiction logique (voir la vidĂ©o de notre causerie d'avril 2022 "Penser la violence").

Ce premier avatar de l’État est donc considĂ©rĂ© comme une nĂ©cessitĂ© de raison.

Au XVIIIe siĂšcle, Rousseau propose une vision trĂšs originale de la notion d’État. Pour lui, la sociĂ©tĂ© est fondĂ©e par le contrat social. Celui-ci instaure la communautĂ© des citoyens, qui a deux aspects : elle est État en tant qu’elle obĂ©it aux lois, elle est souverain en tant qu’elle les fait.

Le point commun de ces deux conceptions est le lien entre État et raison.

2. L’État, forme pure de la sociĂ©tĂ©

Ce lien entre raison et État est poussĂ© Ă  son apogĂ©e avec Hegel (1770-1831), au XIXe siĂšcle. Ce penseur fait de l’État un point central de sa rĂ©flexion, dans deux ouvrages principaux : les Principes de la Philosophie du Droit (1821) et les Leçons sur la Philosophie de l’Histoire (1822). Sa vision de l’État s’inscrit dans sa vision de l’Histoire.

De son point de vue, l’IdĂ©e prĂ©cĂšde le rĂ©el et le dĂ©termine, mais le rĂ©el ne lui est jamais strictement conforme, il en est toujours des rĂ©alisations imparfaites. Dans ce cadre, l’État incarne un absolu, l’aboutissement idĂ©al de la vie sociale, mĂȘme si ses rĂ©alisations sont imparfaites. Il est la Raison et la LibertĂ©. Au sein de l’État comme idĂ©e, le problĂšme des rapports de domination se rĂ©sout par la « dialectique du maĂźtre et de l’esclave », qui souligne la dĂ©pendance rĂ©ciproque qui unit le maĂźtre et l’esclave et leur confĂšre une forme d’indĂ©pendance par lĂ -mĂȘme.

« Étant donnĂ© que l’État est Esprit objectif, l’individu ne peut avoir lui-mĂȘme de vĂ©ritĂ©, une existence objective et une vie Ă©thique que s’il est membre de l’Etat. » (Principes de la Philosophie du Droit, §258).

De cela dĂ©coule, pour Hegel, la nĂ©cessitĂ© d’un respect pour l’État : « Il faut donc vĂ©nĂ©rer l’État comme un ĂȘtre divin terrestre. » (Principes de la Philosophie du Droit, §272).

3. L’État, outil rĂ©pressif dans la main des puissants

Karl Marx (1818-1883), Ă©lĂšve de Hegel, en fait une critique profonde. Il met en cause l’abstraction de sa pensĂ©e et le primat accordĂ© Ă  l’IdĂ©e dans divers ouvrages : L’IdĂ©ologie allemande, Critique de la Philosophie du Droit de Hegel, Critique de la Philosophie politique de Hegel, entre autres. Politique et Ă©conomie sont au cƓur de sa rĂ©flexion, mais il les envisage en partant des sujets rĂ©els, non de l’IdĂ©e. Le thĂšme de l’État est abordĂ©, notamment, dans La Guerre civile en France.

Pour Marx, l’État est dĂ©terminĂ©, organisĂ©, par l’organisation des puissances productives, donc par les rapports sociaux, alors que chez Hegel, c’est l’État qui dĂ©termine le reste. De ce fait, l'Etat est une structure dĂ©terminĂ©e par les rapports de production, aux mains des classes dominantes. Il en dĂ©duit que l’établissement de la dĂ©mocratie rĂ©elle, l’horizontalitĂ© des rapports de production, mettra fin Ă  l’État tel qu’il s’est historiquement dĂ©veloppĂ©.

Si l’idĂ©e selon laquelle l’organisation productive est la cause premiĂšre des autres phĂ©nomĂšnes sociaux, les questions que posent Marx ne perdent rien de leur pertinence : qu’est-ce que l’État, dans la rĂ©alitĂ© historique ? Quelles sont ses caractĂ©ristiques ?


II- Naissance de l’État au Moyen Âge

1. Le concept-clé : la souveraineté

Au dĂ©but du XIIe siĂšcle, les grands textes du droit romain, comme le code Justinien, sont redĂ©couverts en Occident. Dans ce droit, on trouve la notion d’imperium et une dĂ©finition prĂ©cise des attributions impĂ©riales, attributions du pouvoir souverain. Il s’agit du pouvoir suprĂȘme, indivisible et thĂ©oriquement absolu.

Cette notion est d’abord mobilisĂ©e par le Pape et l’Empereur, qui sont les deux pouvoirs universels de l’époque et qui entrent en conflit en vertu de l’idĂ©e selon laquelle, le caractĂšre indivisible et universel de ce pouvoir interdit l’existence de deux puissances Ă  prĂ©tention universelle.

Par la suite, les rois occidentaux cherchent par imitation Ă  s’attribuer le mĂȘme pouvoir, mais en lui faisant perdre sa dimension universelle. Ce faisant, ils gagnent en autonomie. Cela s’inscrit dans un long processus de renforcement du pouvoir royal.

2. Le roi devient souverain

Tout commence en France et en Angleterre, mais on se bornera ici au cas français. En 987, Hugues Capet est fait roi, mais c’est un roi faible. AprĂšs quelques gĂ©nĂ©rations passĂ©es Ă  asseoir la lĂ©gitimitĂ© dynastique, le pouvoir royal amorce une dĂ©marche d’accroissement. En 1180, Philippe arrive sur le trĂŽne. Descendant d’une princesse byzantine, il jouit du prestige liĂ© Ă  l’Empire Byzantin, l’authentique Empire romain Ă  l’époque. Cela lui permet d’user du prĂ©nom grec de Philippe.

Son chroniqueur et biographe attitrĂ© lui confĂšre le surnom d’Auguste, rĂ©fĂ©rence au premier empereur romain (-27). Il dispose Ă©galement d’un embryon d’administration. Sous son rĂšgne, son domaine s’accroĂźt. Cette dynamique se poursuit au XIIIe siĂšcle, avec le renforcement et l’extension progressive du pouvoir royal.

C’est nĂ©anmoins Ă  la fin du siĂšcle, sous Philippe le Bel (1285-1314), que s’opĂšre un tournant pratique, avec le remplacement des grands nobles par des juristes, diplĂŽmĂ©s de l’UniversitĂ©. Les plus connus sont Guillaume de Nogaret et Enguerrand de Marigny, parmi de nombreux autres. Ces juristes dĂ©veloppent l’idĂ©e que le roi est « empereur en son royaume », c’est-Ă -dire qu’il dĂ©tient, au sein du royaume, un pouvoir indivisible et total, auquel seul Dieu est supĂ©rieur. Cela engendre un conflit avec la PapautĂ© (en 1303, le Pape est enlevĂ© par des hommes du roi Ă  Anagni).

Cependant, sans des moyens pratiques, la souverainetĂ© reste un vƓu pieux. DotĂ© d’une administration encore peu dĂ©veloppĂ©e et de forces de « police » embryonnaires. Le principal problĂšme, c’est l’argent, car il n’existe pas d’impĂŽt gĂ©nĂ©ral direct, le roi ne dispose que des revenus de son propre domaine. Pour y remĂ©dier, la solution vient de la guerre. En guerre contre la Flandre et l’Angleterre de façon trĂšs rĂ©guliĂšre, le roi a besoin d’or. Il convoque donc, en 1304, les premiers « États gĂ©nĂ©raux », qui ne portent pas encore ce nom. Ceux-ci consentent une aide exceptionnelle. Dans le mĂȘme temps, le principe des fouages est peu Ă  peu dĂ©veloppé : il s’agit de remplacer le devoir militaire thĂ©orique de chaque foyer par un impĂŽt, d’abord rĂ©gionalement puis de façon plus gĂ©nĂ©rale. Or, Ă  ce stade, l’impĂŽt nĂ©cessite d’ĂȘtre renouvelĂ© rĂ©guliĂšrement, car il n’est consenti que pour un an.

3. La Guerre de Cent Ans, l’aubaine de l’État

C’est un problĂšme de souverainetĂ© qui dĂ©clenche cette guerre, autour de l’Aquitaine. Pour celle-ci, le roi d’Angleterre est vassal du roi de France, ce qui lui interdit toute politique indĂ©pendante, sauf Ă  se faire confisquer l’Aquitaine. Quelques dates donneront un aperçu du rĂŽle de la guerre dans le dĂ©veloppement de l’impĂŽt.

En 1337 commence la guerre. En 1340, la marine française est coulĂ©e Ă  la bataille de l’Écluse et, dĂšs 1341, la gabelle est Ă©tendue Ă  tout le royaume. En 1343, les États gĂ©nĂ©raux sont convoquĂ©s pour consentir une aide exceptionnelle. En 1346, l’armĂ©e française est Ă©crasĂ©e Ă  CrĂ©cy, l’annĂ©e suivante, les Anglais prennent Calais et le roi fait de nouveau appel aux États GĂ©nĂ©raux pour une nouvelle aide. Ceux-ci sont Ă  nouveau convoquĂ©s en 1351, puis en 1355, ce qui n’empĂȘche pas la dĂ©faite de Poitiers en 1356, lors de laquelle le roi Jean II est capturĂ©. La rançon du roi nĂ©cessite des moyens dont le dauphin Charles, son hĂ©ritier prĂ©somptif, ne dispose pas. Pour y faire face, les États gĂ©nĂ©raux sont donc convoquĂ©s en 1357, 1358 et 1359. La dĂ©faite des troupes royales Ă  Brignais, face aux mercenaires sans emploi, en 1362, porte un nouveau coup au pouvoir du roi. En 1363, les États gĂ©nĂ©raux sont Ă  nouveau convoquĂ©s.

La mort de Jean II, en 1364, ne met pas fin Ă  ce cycle. Charles V reprend les choses en main et, la mĂȘme annĂ©e, les États gĂ©nĂ©raux consentent Ă  la systĂ©matisation des fouages, sur une base annuelle, tout en en exemptant les nobles. Cela permet la mise en place, pour la premiĂšre fois, d’une armĂ©e permanente de quelques milliers d’hommes. Le roi rĂ©tablit alors la monnaie, la sĂ©curitĂ© et les structures de l’État sont en place : impĂŽt, administration, armĂ©e.

De nouvelles difficultés surgissent avec Charles VI « le Fou » (1380-1422), mais le mouvement est imité dans les provinces (comme le duché de Bourgogne) et reprend avec Charles VII (1422-1461).

A ce stade, l’État royal est dĂ©jĂ  moderne. Il se structure autour de la notion de souverainetĂ©, adossĂ©e encore au droit positif, et s’en donne les moyens : l’impĂŽt, l’armĂ©e, l’administration.


causerie-etat


III- Du Moyen Age Ă  nos jours

1. Le monarque absolu

A partir du rĂšgne de Louis XI (1461-1483) Ă©mergent des lignes politiques qui se maintiennent dans le temps : lutte contre les grands nobles, dĂ©veloppement du royaume (instauration des relais de Poste : le roi doit ĂȘtre informĂ©), renforcement de l’armĂ©e et alourdissement de l’impĂŽt. Ces transformations, Ă  la fin du XVe et au dĂ©but du XVIe siĂšcle, amĂšnent des innovations de langage : Machiavel (1469-1527) emploie le premier le terme de statto, puis Jean Bodin (1530-1596) celui de souverainetĂ©.

A l’époque des Guerres de Religion, c’est l’idĂ©e de la nĂ©cessitĂ© d’une homogĂ©nĂ©itĂ© religieuse qui triomphe, jusqu’à Henri IV, mot d’ordre repris par Louis XIV : « Un roi, une foi, une loi. ».

Un moment important se situe sous le rĂšgne de Louis XIII, en lien avec l’action de son principal ministre, le Cardinal de Richelieu (1585-1642). Celui-ci nivelle la population, sous le roi : il dĂ©sarme les protestants et les nobles, agrandit le royaume, soumet les grands au roi, sans hĂ©siter Ă  user de grands moyens. Le duc de Montmorency est dĂ©capitĂ© en 163, le comte de Chalais en 1626, le marquis de Cinq-Mars en 1642. Dans cette mĂȘme ligne, il rĂ©prime les duels, prĂ©rogative nobiliaire, et fait raser plus de 2 000 chĂąteaux forts, inutiles pour la dĂ©fense du royaume, mais employĂ©s par les nobles lors de soulĂšvements contre le roi. On qualifie parfois le rĂ©sultat de cette politique d’État militaire, en tout cas, l’impĂŽt s’alourdit et l’administration se renforce.

J’aimerais formuler une hypothĂšse personnelle : ce nivellement de la sociĂ©tĂ© est, peut-ĂȘtre, un des facteurs qui ont contribuĂ© Ă  la dĂ©lĂ©gitimation de la noblesse, permettant ainsi le dĂ©veloppement d’idĂ©es d’égalitĂ© et de droit naturel.

Un autre aspect important est celle de raison d’État, en vertu de laquelle l’État passe au-dessus du droit. De ce fait, la souverainetĂ©, d’abord nĂ©e du droit romain, s’émancipe de sa base juridique et acquiert une autonomie : elle devient sa propre lĂ©gitimation. Ces politiques se poursuivent par la suite, avec Louis XIV notamment.

2. La RĂ©volution

Au XVIIIe siĂšcle, 2 penseurs introduisent une nouveautĂ©. Le premier, Rousseau, dans le Contrat Social (1762), dĂ©place la souverainetĂ© dans le peuple qui fait les lois. Le second, l’abbĂ© SieyĂšs, dans Qu’est-ce que le Tiers État ? publiĂ© en 1789, place la souverainetĂ© dans la nation : « la volontĂ© |de la nation| est toujours lĂ©gale, elle est la loi elle-mĂȘme. » Sa modĂ©ration politique l’empĂȘche cependant d’en tirer toutes les consĂ©quences.

En parallĂšle, l’aristocratie et la fonction royale perdent en lĂ©gitimitĂ©, leur Ă©vidence disparaĂźt. Sous Louis XV, le roi est de plus en plus mal perçu. Quant Ă  l’aristocratie, elle lĂ©gitime sa position en affirmant son origine franque et sa situation sociale par le droit de conquĂȘte des Francs sur les populations gallo-romaines, ce qui revient Ă  adosser la souverainetĂ© Ă  la force pure.

La RĂ©volution, commencĂ©e en 1789, cherche Ă  faire de l’État l’outil de l’émancipation du peuple, avec des mesures comme le maximum des prix et des salaires ou le droit de vote, ce qui Ă©choue Ă  la mort d’HĂ©bert (24/03/1794, Ă  36 ans), puis celle de Robespierre (28/07/1794, Ă©galement Ă  36 ans). Plusieurs lectures de la RĂ©volution sont possibles, quoi qu’il en soit on peut en retenir deux choses : son Ă©chec Ă  redĂ©finir l’État, et sa rĂ©ussite Ă  faire entrer dans les mƓurs, dans les mentalitĂ©s, l’idĂ©e que la souverainetĂ©, au moins, vient du peuple. Notre Constitution en conserve les derniĂšres traces, en son article 3 : « La souverainetĂ© nationale appartient au peuple  »

3. L’État social

AprĂšs quelques tentatives pendant la RĂ©volution, suite au dĂ©sistement de l’Église des fonctions charitables, c’est au XIXe que se dĂ©veloppent Ă  nouveau les fonctions charitables de l’État, surtout vers la fin. Cette naissance, timide, se fait plus par la crainte du peuple que par gĂ©nĂ©rositĂ©. Son principal avatar se fait sous l’angle privĂ©, avec le capitalisme paternaliste, ou sous l’angle public, avec l’établissement de quelques dispensaires et l’assistance pour les orphelins.

Le capitalisme disparaĂźt progressivement au dĂ©but du XXe siĂšcle. D’une part, il Ă©tait trĂšs limité : la chanson de mineurs 16 tons rappelle que « I owe my soul to the company store » (je dois mon Ăąme Ă  la boutique de l’entreprise).

C’est aprĂšs la Seconde guerre Mondiale que se crĂ©e rĂ©ellement un vĂ©ritable État social. Celui-ci a deux caractĂ©ristiques : il est Ă  la charge de la collectivitĂ©, via l’impĂŽt (ce qui pourrait ĂȘtre bien si l’impĂŽt Ă©tait bien rĂ©parti). Par ailleurs, il est largement inspirĂ© par le programme du Conseil National de la RĂ©sistance et comprend, sous l’influence du Parti communiste, la santĂ©, les retraites, l’instruction.

A terme, cependant, ces dispositions entrent en conflit avec le fonctionnement structurel du capitalisme. En effet, elles nécessitent un impÎt équitable et la régulation du capitalisme, contraire à la loi du profit qui régit le capitalisme.

L’État moderne se dĂ©finit par la souverainetĂ©, c’est-Ă -dire par l’exercice du pouvoir et les moyens strictement nĂ©cessaire Ă  celui-ci. L’État capitaliste est, dans sa plus pure expression, celui que prĂ©sente Benjamin Constant dans ses Principes de Politique (1815) dans lesquels il rĂ©cuse la notion de souverainetĂ© populaire et fait de l’État une simple force de police, dotĂ©e d’un impĂŽt destinĂ© Ă  financer la police et l’armĂ©e exclusivement. On le voit, il n’existe pas de contradiction entre l’État moderne et l’État capitaliste. Ils sont mĂȘme dans le prolongement l’un de l’autre.


Conclusion

L’État moderne se dĂ©finit par la souverainetĂ©, dont la forme minimale est le triptyque impĂŽt-armĂ©e-administration/police. Peut-il ĂȘtre dĂ©mocratique ? Le caractĂšre indivisible de la souverainetĂ© l’interdit, dans le rĂ©el. On peut imaginer, en thĂ©orie, un peuple indivisible qui exerce collectivement la souverainetĂ©, mais dans la rĂ©alitĂ©, il est nĂ©cessaire de diviser la souverainetĂ© entre l’ensemble des membres du peuple, composĂ© de vraies personnes, ce qui la dissout, ce qui dissout l’État. La dĂ©mocratie authentique, Marx avait raison, dissout l’État, par sa propre existence.



🛑Unissons-nous ! RĂ©sistons ensemble,

pour se libérer, du systÚme mafieux politico-financier de la 5° République, ensuite de cette Europe qui veut imposer son nouvel ordre mondial.

Avec tous les citoyens de bonne volonté pour un monde meilleur.

Vive le RIC, premier pas vers une véritable démocratie, pour un gouvernement provisoire de transition, et la réorientation de tous les secteurs vers le bien commun.

On est LĂ  !...

Article suivant Article précédent