Le municipalisme est-il une des solutions pour échapper à une dérive technocratique et déshumanisante ?

Beaucoup de citoyens déplorent ...

Un processus qui avance tel un rouleau compresseur. La gĂ©nĂ©ralisation souvent forcĂ©e des pseudo-solutions technologiques qui occupent les espaces privĂ©s et publics : traçages divers, numĂ©risation des actes de la vie courante, suppression des contacts humains au profit des logiciels et algorithmes, mĂ©decine dĂ©sincarnĂ©e avec toujours moins de « clinique », volontĂ©s de dĂ©velopper le transhumanisme




Ce processus nous est imposĂ© sans que jamais on ne consulte de façon dĂ©mocratique le citoyen. En cela se crĂ©ent des fractures profondes dans la sociĂ©tĂ©. Certaines de ces fractures comportent Ă  la fois les difficultĂ©s ou rejets de ce tout-technocratique et les inĂ©galitĂ©s socio-Ă©conomiques. Mais pas seulement


Le manque de dialogue, d’empathie, de recours Ă  l’intelligence humaine (qui est une intelligence cĂ©rĂ©brale mais aussi sensible) qui est particuliĂšrement sensible dans de nombreux services Ă  la population (PĂŽle Emploi, Caisses de retraites, URSSAF, Services de santĂ©, Services aux personnes handicapĂ©es ou ĂągĂ©es etc
) met en souffrance les citoyens. L’Humain fonctionne avec sa sensibilitĂ©, la parole Ă©changĂ©e, le langage non-verbal, ses sens. Devant la machine ou l’informatique, il devient un objet ou un numĂ©ro et cela lui ĂŽte son humanitĂ© mĂȘme. Si, de plus, il est tracĂ© par des camĂ©ras omniprĂ©sentes, une carte bancaire de plus en plus utilisĂ©e, un tĂ©lĂ©phone « intelligent », les dossiers accumulĂ©s le concernant, cela lui ĂŽte la libertĂ©. Oh, bien sĂ»r, on pensera que tous ces outils visent l’efficacitĂ©, un meilleur service
 Mais qui a eu affaire Ă  tous ces organismes les utilisant sait que l’efficacitĂ© n’est souvent pas au rendez-vous.

Et que penser des consĂ©quences non nĂ©gligeables sur notre environnement que ce processus technocratique implique par la nĂ©cessitĂ© de produire des machines consommatrices de terres et minĂ©raux rares, d’énergies, de produits industriels coĂ»teux ? Pour gĂ©nĂ©raliser l’utilisation de ces outils jusque dans chaque foyer de terrien, on a rendu indispensables ces processus dans les activitĂ©s humaines. Mais aujourd’hui, on prend conscience de l’impact environnemental impressionnant et excessif que ce systĂšme produit.

Oui des avancĂ©es ont lieu grĂące Ă  ces outils, mais fallait-il les rendre aussi omniprĂ©sents et dans de nombreux cas obligatoires pour tous ? Et surtout fallait-il remplacer Ă  ce point et autant l’Humain par la Technologie ?

Confisquer ou gommer l’Etre dans toutes ses dimensions est un pari risquĂ©. Cela va permettre de traiter les masses humaines comme l’Homo Sapiens a traitĂ© le bĂ©tail : baguĂ©, pucĂ©, tatouĂ©, gavĂ©, Ă©cornĂ©, enfermĂ©, vendu, Ă©changĂ©, transportĂ© dans des conditions lamentables
 « Quand-mĂȘme pas », me direz-vous. HĂ©las, souvenez-vous des cruautĂ©s collectives de certains pans d’Histoire de l’HumanitĂ©. Notre Ă©poque voit poindre un univers orwellien auquel nul ne devrait Ă©chapper. Les dirigeants politiques et oligarchiques s’adoubant les uns les autres crĂ©ent un monde oĂč les caractĂ©ristiques proprement humaines sont et seront remises en cause.


Nous avons une lourde responsabilité devant les jeunes générations.

Les peuples, les citoyens, les Homo Sapiens doivent se donner les moyens de dĂ©finir quels ĂȘtres ils veulent ĂȘtre ou devenir. Mais ils doivent Ă©tudier et dĂ©cider dĂ©mocratiquement et non pas subir les assauts permanents de leurs gouvernements pour les conduire vers le rĂšgne de la machine quelle qu’elle soit.



La rĂ©pression s’abat violemment sur ceux qui refusent d’avoir le sentiment qu’on les conduit vers un avenir qu’ils n’ont ni choisi ni imaginĂ© et qui rĂ©sistent Ă  ce processus. Alors, que faire, se demandent les plus militants, les moins mallĂ©ables, les moins naĂŻfs. Dans leurs groupes, ils tentent d’imaginer des stratĂ©gies. Parmi elles, plusieurs font actuellement l’objet de travaux pour prĂ©parer un autre terrain pour nos vies. Notamment, des stratĂ©gies visant Ă  conquĂ©rir la DĂ©mocratie. Non pas la DĂ©mocratie « reprĂ©sentative », non pas la DĂ©mocratie « participative », mais la DĂ©mocratie « toute seule » mais authentique, celle oĂč chaque citoyen a le mĂȘme pouvoir de dĂ©libĂ©ration, de proposition et surtout de dĂ©cision que son voisin.

Parmi ces stratĂ©gies encore souvent Ă  l’état d’étude, d’expĂ©rimentations fragiles, de revendications, on compte sur le « municipalisme », hĂ©ritier de l’esprit de « Commune » (voir Commune de Paris 1871). Ce mouvement, cette stratĂ©gie, ce mode de gouvernance se testent ces temps-ci dans diverses communes dans le monde.

Le municipalisme s’inspire du communalisme (voir le philosophe amĂ©ricain Murray Bookchin qui prĂŽnait la construction d’un mouvement municipaliste confĂ©dĂ©ral visant Ă  s’emparer des municipalitĂ©s pour en faire des contre-institutions face Ă  l’Etat-Nation en restituant entiĂšrement le pouvoir aux citoyens dans le cadre d’assemblĂ©es populaires.) Ainsi, cela permet de municipaliser l’économie, les biens communs, et nombre de services. On peut y adosser une monnaie locale. Cela permet une nouvelle façon de faire de la politique grĂące Ă  la vitalitĂ© de la citoyennetĂ©, notamment en-dehors des institutions, et en s’appuyant sur une Ă©thique politique, un leadership largement coopĂ©ratif et un partage Ă©quitable entre hommes et femmes.



dessin : © Red ! / Reporterre



Le municipalisme permet,

  • des chartes de fonctionnement Ă©thique,
  • la disparition de la professionnalisation de la politique,
  • le partage du porte-parolat,
  • le contrĂŽle citoyen des mandats des personnes investies de missions,
  • le contrĂŽle citoyen des institutions et des budgets,
  • la co-responsabilitĂ© des dĂ©cisions publiques, notamment concernant les biens essentiels (prĂ©servation et accĂšs Ă  l’eau, Ă  l’énergie, Ă  l’alimentation, au logement, Ă  la Culture, Ă  l’information Ă  l’éducation
,
  • la modernisation de la dĂ©mocratie appuyĂ©e sur l’harmonisation politique, sociale et Ă©cologique, mettant fin aux processus d’oppressions,
  • relations aux autres institutions extĂ©rieures pour de la coopĂ©ration (en France ou ailleurs dans le Monde).

CrĂ©er les conditions d’un confĂ©dĂ©ralisme municipal change les mentalitĂ©s de ceux qui y participent ou en bĂ©nĂ©ficient. Davantage de liens « horizontaux » se dĂ©veloppent, permettant plus d’autonomie et d’émancipation pour tous.

Il est probable que le partage des responsabilitĂ©s permettra de remettre l’Humain, et, par-delĂ , le Vivant, au cƓur des dĂ©bats, projets et dĂ©cisions des citoyens ainsi que de limiter le rĂŽle et l’impact du tout-technologique dans nos vies, si nous choisissons de nous engager dans la voie du municipalisme convivial.


Références :

Voir l’Atlas del Cambio, outil de rĂ©fĂ©rencement des dĂ©cisions prises par les « municipalitĂ©s rebelles » de 2015 Ă  2019. Voir CommonsPolis :
https://commonspolis.org/fr/communaute/el-atlas-del-cambio/
https://commonspolis.org/fr/blog-fr/atlas-of-utopias-transformative-cities-featured-initiatives/

Voir l'article Reporterre relatant notamment l'expérience de Commercy au début du mouvement des Gilets Jaunes :
https://reporterre.net/En-France-le-municipalisme-libertaire-trace-son-chemin

Voir et lire LoĂŻc Blondiaux, professeur Ă  l’UniversitĂ© de Paris 1 PanthĂ©on-Sorbonne :
https://fr.wikipedia.org/wiki/LoĂŻc_Blondiaux

Voir et lire Dominique Bourg, philosophe :
https://youtu.be/_UWY2ZO6fUA

Voir et lire Bernard Harcourt, philosophe et professeur de droit américain, auteur de "La société d'exposition" :
https://youtu.be/KGFzGFWmms4

Voir les Fearless Cities et Villes Refuges,

Voir le mouvement Municipalize Europe,

Voir l’Unesco et les villes apprenantes, les villes crĂ©atives, les villes inclusives,

Voir les expĂ©riences menĂ©es au Rojava (nouvelle Constitution), au Chili (Nouvelle Constitution en cours d’écriture), Espagne et notamment Barcelone, France et la commune de Saillans


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