Ce que nous payons

28 December, 2021, 11:34 pm blog-header-image

Aujourd’hui, Ă  l’occasion d’une crise sanitaro-sociale au cours de laquelle vont se dĂ©rouler en France des Ă©lections prĂ©sidentielles et lĂ©gislatives, de profondes fractures idĂ©ologiques traversent notre quotidien.

On entend s’élever des voix qui voudraient nous inciter Ă  un « retour vers la grandeur passĂ©e de la France ».

Mais de quelle grandeur ou de quelles grandeurs parlent ces voix ?

La grandeur coloniale ?
La grandeur due Ă  l’ampleur du pillage des ressources de pays Ă©loignĂ©s ?
La grandeur d’un rĂ©gime qui a trahi depuis longtemps un idĂ©al rĂ©publicain et surtout dĂ©mocrate ?
La grandeur d’une diplomatie Ă©vitant soigneusement la remise en cause sincĂšre d’un systĂšme Ă©conomique destructeur de l’environnement autant que des plus humbles ?

Ou bien la grandeur des esprits Ă©clairĂ©s, savants, chercheurs, artistes, crĂ©ateurs, humanistes, militants gĂ©nĂ©reux (et non pas guidĂ©s par la volontĂ© de pouvoir ou d’intĂ©rĂȘts pĂ©cuniaires) ?
La grandeur des travailleurs dĂ©vouĂ©s Ă  leurs missions malgrĂ© l’érosion des moyens, calculĂ©s sur l’autel de la « rentabilité » (notion fumeuse) ?
La grandeur des services publics quasiment disparus en rĂ©alitĂ© aujourd’hui (Ă©nergie, transports, santĂ©, enseignement etc
) ?

Notre passĂ© contrastĂ© et complexe a gĂ©nĂ©rĂ© un monde aujourd’hui anxieux.

Ce passĂ© il faut le regarder et l’analyser en face. Il n’est ni un alibi, ni un refuge, ni une faute inexpiable.
Il est fait de faiblesses, de lĂąchetĂ©s, mais aussi d’initiatives courageuses, hĂ©las trop peu nombreuses certes ;
d’illusions, de manipulations, mais aussi de prises de conscience, de messages d’alerte ou de projets, qui trop souvent dĂ©rangent ;
de progrÚs technologiques mais aussi de surveillances excessives pouvant déboucher sur des situations totalitaires ;
de choix politiques clairement capitalistes et « pro-finances » mais aussi, du moins sous nos latitudes, d’une pĂ©riode de paix inhabituellement longue.

Nous sommes de plus en plus conscients que des dangers guettent les jeunes générations.

Chaque gĂ©nĂ©ration a eu des dĂ©fis Ă  relever, des contradictions et des risques Ă  affronter. Certaines gĂ©nĂ©rations ont connu des moments particuliĂšrement cruciaux
 mais, notre Ă©poque est confrontĂ©e Ă  un risque inĂ©dit : celui d’une destruction massive des qualitĂ©s de « viabilité » de notre environnement naturel originel. Ce qui est le plus stupĂ©fiant dans l’affaire est notre immobilisme, notre passivitĂ© collective devant ce risque majeur. Pourquoi ?

Nous payons la note salée de nos choix collectifs.

Car il s’agit bien de CHOIX. Il n’est plus temps d’essayer misĂ©rablement de nous dĂ©douaner de nos erreurs, de les attribuer aux uns ou aux autres. Il nous faut les admettre et les rĂ©parer, car nous en portons tous la responsabilitĂ©.


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Que payons-nous ?

L’illusion d’avoir cru que nous pouvions prĂ©tendre Ă  devenir des dieux.

Les progrĂšs technologiques, la foi en une Science omnipotente, la domestication de toute forme de vie animale, vĂ©gĂ©tale, l’exploitation dĂ©mesurĂ©e des ressources de la planĂšte, la conquĂȘte spatiale, une mĂ©decine performante
 tout cela a contribuĂ© Ă  un sentiment de toute-puissance presque divine qui nous a fait oublier notre condition de mammifĂšres dĂ©pendants d’un certain substrat vital.

La satisfaction de désirs individuels, du moins dans les pays suffisamment riches, a été valorisée, favorisant une surproduction excessive et une infantilisation de nos appétits et de notre philosophie de vie. Ces désirs sont devenus des besoins dont nous ne savons souvent plus nous passer malgré leur coût écologique.

La passivitĂ©, la servitude volontaire se sont installĂ©es en mĂȘme temps que notre confort physique. Nous acceptons aujourd’hui des modes de domination, des fossĂ©s grandissants entre castes sociales, le rĂ©trĂ©cissement des droits et libertĂ©s autrefois gagnĂ©s par d’ñpres combats pour ne pas remettre en question (provisoirement) le crĂ©dit contractĂ©, le mode de transport, les vacances au ski, le vĂȘtement Ă  la mode ou « de marque » etc
 Nous avons pris l’habitude de la prĂ©sence des SDF comme faisant partie naturelle du tableau de notre quotidien.

Les petites luttes corporatistes encadrĂ©es par des syndicats trop souvent paralysĂ©s par leur fonctionnement institutionnel ont cassĂ© la vision d’ensemble des besoins rĂ©els de la sociĂ©tĂ© prise dans sa globalitĂ©. Et notre soumission Ă  une Constitution autorisant des pouvoirs exorbitants Ă  un petit nombre de dirigeants au mĂ©pris de la dĂ©mocratie, dont ils osent se revendiquer aussi souvent qu’ils la violent, nous prive de toute transformation salutaire de notre modĂšle Ă©conomique et politique dĂ©passĂ©.

Enfin, le cynisme non avouĂ© qui consiste Ă  nous dĂ©fausser sur les gĂ©nĂ©rations les plus jeunes (Ă  chacun sa « merde », ce sera Ă  eux de rĂ©gler « leur »problĂšme) nous fait rompre avec une loi habituelle de la Nature qui consiste Ă  viser la prĂ©servation de l’espĂšce. Car, en effet, il peut y avoir les conflits et des sacrifices au sein d’une espĂšce, mais cette derniĂšre met, malgrĂ© tout, des stratĂ©gies en Ɠuvre pour perdurer. Aurions-nous perdu cet instinct-là ? Acceptons-nous que seule une minoritĂ© tire son Ă©pingle du jeu ? Ou bien acceptons-nous qu’Homo Sapiens aille au bout de la course folle qui le mĂšne Ă  dĂ©truire ce qui lui permet de Vivre ?

Les jeunes générations commencent à regarder en coin celles qui les ont précédées.

Elles payent la dĂ©mesure, les croyances flatteuses mais trompeuses, la lĂąchetĂ©, les attitudes de dĂ©ni qui nous ont conduits, toutes et tous, aujourd’hui, Ă  une situation mondialement consternante qui s’aggrave jour aprĂšs jour.

La crise sanitaro-socialo-politique qui aujourd’hui alimente nos quotidiens est juste le dĂ©but de l’effondrement systĂ©mique et civilisationnel que nombre de chercheurs ont annoncĂ© dans l’indiffĂ©rence des populations et des gouvernants qu’elles se sont choisis. Quel Ă©vĂšnements encore plus durs attendons-nous pour rĂ©agir ?... A moins que nous ne portions collectivement en nous une sombre et sournoise pulsion d’autodestruction ?

Il faudra bien plus qu’un vaccin, quel qu’il soit, pour rĂ©soudre le problĂšme. Il faudra bien plus que des Ă©lections, pĂ©ripĂ©ties d’un rĂ©gime malade, pour entreprendre les transformations de nos vies et de nos esprits. Il faudra bien autre chose qu’un ordre fasciste mondial pour sauver la planĂšte.


Que VOULONS-nous ?

Modifier nos Ă©cologies mentales
 dans le (vrai) partage ?

Ou laisser faire ?

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