Nos gouvernants cherchent à nous imposer une fin de carrière ou « retraite », basée sur un modèle brutalement unique. Or, les humains que nous sommes vivent des réalités particulières, aussi singulières que le sont nos histoires, nos origines, nos trajets et accidents de vie, nos environnements et même nos déterminants génétiques.

Ainsi, la formule que veut faire passer le gouvernement ignore parfaitement et volontairement ces aspects humains et le contexte sociétal actuel.

Photo : La VIE éphémère en forêt de Haye, espace propice à la méditation...

D’abord, observons ce qui constitue généralement une vie humaine dans la société française de 2023.

Les étapes fondatrices

  1. L’individu naît plus ou moins bien doté par « Mère Nature ». Selon un ensemble de critères (génétique, vie fœtale, situation de l’accouchement, naissance dans un milieu accueillant ou non…), il va être en plus ou moins bonne santé et va plus ou moins recevoir les soins généralement préconisés pour un bon développement. N’oublions pas qu’à la naissance de nombreux enfants présentent des handicaps et que certains souffriront d’apparition de maladies ou handicaps dans leur jeune âge et que ces personnes sont souvent mal traitées ou insuffisamment prises en compte par notre société. Donc, déjà dans la prime enfance, des inégalités évidentes se manifestent. Elles entraîneront des problèmes de santé, une fatigabilité, une difficulté à l’apprentissage, une incapacité à entrer ou à assumer un emploi à temps plein dans le monde du travail. Quid de l’implication sociale de ces personnes ? Hélas, ce que l’on constate souvent, mais dans un silence assourdissant et un mépris politique habituel, c’est que nombre de ces personnes auront des revenus très bas et que les allocations censées leur permettre une vie digne sont attribuées avec une parcimonie honteuse et sont très faibles.

  2. L’enfant grandit. Selon l’environnement, le type d’éducation qu’il reçoit, les aléas que rencontrent ses parents, il devra se construire une personnalité, progresser, se former. Certains de ces enfants vivront dans des environnements défavorables, d’autres ne pourront pas rester avec leur famille (décès des parents, carences éducatives, mauvais traitements, incarcération d’un ou deux parents, inceste…) et seront placés avec plus ou moins de chance. Difficile dans ces conditions de choisir librement et pleinement les activités ou la voie professionnelle qui intéresse vraiment. L’héritage culturel et l’héritage « de classe » pèsent dans la balance, et même, aujourd’hui, probablement plus que dans les années 50 et 60 où l’école républicaine érigeait en fierté l’excellence de l’enseignement partout et pour tous.

  3. Lorsque le jeune arrive à l’âge (variable) des choix professionnels, certains ont justement moins de « choix » que d’autres. Là, l’individu se pose des questions sur le sens de la vie, sur le sens potentiel de sa vie. Certains veulent tout envoyer balader, refusant de se soumettre à la « norme établie » car ils ont le sentiment d’être réduits à une fonction de « travailleur contraint-consommateur » qui ne correspond pas à la façon dont ils ressentent le monde. Certains plongent dans l’autodestruction. Certains deviennent délinquants permanents. Certains veulent un autre mode de vie et cela est bien légitime ; un autre rapport à la planète, aux autres humains, une autre façon d’appréhender les différentes facettes de l’être. Pour ces derniers l’idée-même de « plan de retraite » est fort éloignée.
    Pour la plupart, pour « gagner leur vie », ils vont avoir la certitude soit de « la perdre », soit de mener une « vie de con », symbolisée un temps par le slogan : « Métro, boulot, dodo ». Certains vont avoir l’opportunité de choisir leur(s) métier(s). La vocation, ça existe et parfois elle s’accompagne de la réelle possibilité d’y plonger. Le métier passion, ça existe. Ce ne sera d’ailleurs pas toujours une activité bien rémunérée mais au moins, l’individu fera ce qu’il aime vraiment. D’autres seront confrontés à des non-choix. Ils passeront une existence professionnelle à vendre leur force de travail plus ou moins cher pour pouvoir subsister. Inégalités encore. Ces inégalités peuvent être partiellement atténuées grâce à des dispositifs de formation continue mais on sait qu’il n’est pas toujours simple d’y accéder.

Toutefois, l’individu, en-dehors de son « travail » ou « activité engendrant un revenu monétaire », existe. Famille, amis, relations amoureuses, associations, collectifs, vie citoyenne, activités personnelles choisies (malheureusement parfois liées au potentiel économique), représentent des activités qui, outre le plaisir qu’elles procurent, représentent des efforts, du don de soi, des engagements, des contraintes plus ou moins assumées parfois.

On pourrait aussi regarder ces activités humaines comme des activités « rentables » financièrement parlant ? Même si à l’aube de l’humanité et pendant des millénaires, les hominidés n’ont pas accompli ces tâches dans un but mercantile ou financier. En effet, ces activités sont profondément liées à ce qu’est l’humain, mammifère social qui a toujours cherché à assurer la pérennité de l’espèce, à la fois grand prédateur et grand chercheur.

Le modèle socio-économique

La société capitaliste et « néolibérale » marchandise tout car tout lui est moyen de « faire de l’argent ». Le travail en est le premier levier, lui qui permet de créer les richesses, d’assurer des services que l’on va monnayer, alors qu’ils sont profondément ancrés dans l’histoire de l’humain. Il est récent dans l’Histoire de notre espèce de faire payer pour tout. Il y a eu bien sûr des trocs, des échanges. Mais l’actuelle colonisation de tout secteur d’activité par l’argent, la finance, le profit, les pourcentages est récente. Elle représente une accélération d’une sorte de folie collective qui nous éloigne toujours plus de notre réalité profonde, ce qui explique en partie les désarrois, les sentiments d’inutilité ou d’aliénation, les regrets immenses pour nos actions envers la planète etc… auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés. Que dire de l’augmentation des suicides ou des envies de suicide que l’on rencontre chez les adolescents qui découvrent un monde si éloigné des besoins essentiels ? Augmentation que tentent désespérément de signaler les pédopsychiatres et dont les mass media ne parlent pas à la hauteur de l’enjeu. Culpabilité, cynisme, déni ?

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Cette société qui enferme, qui brime, qui désespère, qui normalise à l’excès uniquement pour satisfaire les appétits monstrueux et anormaux d’un pourcentage minime de la population nous mène à la catastrophe. La « réforme des retraites » prônée à grands renforts de propagande mensongère ne tient compte ni de ce qu’est la vie d’un humain sur Terre, ni des composantes émotionnelles, spirituelles, culturelles, intellectuelles d’un être humain. Elle ne tient même pas compte de la production effective de richesses annuelles. Elle ne tient pas plus compte des réalités économiques constituées par les activités non professionnelles. C’est un comble !

Tout quantifier ? Tout vendre ?

Car, si l’on regarde, même en se plaçant du point de vue du profit et de la « rentabilité », ce qu’un individu apporte à la société en-dehors de son activité rémunérée, on constate que c’est énorme et que cela épargne à la nation, à ce que l’on nomme « l’Etat », des dépenses considérables. Et particulièrement quand l’individu se retrouve à la période dite de la retraite :

  • Soutien de famille (aide financière ou concrète aux enfants et petits-enfants)

  • Participation à la vie citoyenne faisant avancer les projets du territoire

  • Participation à des collectifs oeuvrant pour des opérations d’utilité publique

  • Partage de connaissances et de compétences

  • Loisirs et développement personnel faisant fonctionner plusieurs secteurs d’activité

Tous secteurs qui nécessiteraient des investissements financiers et politiques considérables et que les « inactifs » contribuent grandement à faire fonctionner bénévolement.

Bien entendu, de nombreuses personnes n’attendent pas le temps de la retraite pour agir dans ces secteurs mais ils ne peuvent pas y consacrer beaucoup de temps, du fait de leur engagement dans le monde du travail rémunéré. Les retraités sont donc particulièrement acteurs des secteurs cités ci-dessus.

Si l’on ajoute à tout ceci que :

  • les entreprises rechignent à engager des travailleurs « séniors »,

  • le nombre de personnes qui arrivent à 60 ans sont déjà bien cabossées par le monde du travail et particulièrement par des métiers pénibles

  • les parents très âgés ont besoin d’aide pour leur fin de vie

  • les travailleurs ont cotisé toute leur vie pour s’assurer une fin de vie digne,

on comprend que l’arbitraire en matière de retraite est un non-sens.

Quelles perspectives alors ?

Reprenons notre constat : les inégalités de départ, les conditions de vie selon les métiers, les conditions de vie selon le lieu (endroits pollués ou non pollués, bien desservis médicalement ou pas, qualité du logement…), les conditions de développement selon l’environnement, les surprises de la vie (décès d’un proche, divorce, licenciement, agression, catastrophe naturelle, maladies…) font que nous avons tous des parcours différents qui vont influencer notre état général. A un âge donné, nous ne sommes pas tous dans la même situation, notamment sanitaire.

Vouloir faire partir tous les citoyens au même âge ou après la même durée de travail rémunéré est tout simplement une aberration politique et sociale. Nous, Français (et nous nous abstenons volontairement de comparer avec d’autres peuples), avons accepté de nous laisser entraîner vers des politiques qui nous ont éloignés de nos natures profondes. Beaucoup de personnes qui arrivent à la soixantaine, ont hâte de consacrer du temps et de l’énergie à des activités différentes de celles qu’ils ont eues dans le cadre de leur vie laborieuse. Pourquoi les priver et priver la société de cette ambition légitime et positive ?

Il est temps de poser le sujet en d’autres termes.

Oui, une réforme de la place et des conditions du travail et de la fin de carrière est indispensable. Mais ce n’est pas en comptant uniquement en gros sous et en espérance théorique de vie que l’on doit évoquer le sujet.

Il ne serait pas si compliqué de développer une autre philosophie.

Sans, dans cet article, aborder la question des moyens d’existence (comme le revenu de base par exemple qui devrait faire l’objet d’une publication ultérieure), ni la décroissance positive, on peut envisager d’autres pistes pour améliorer la situation de la fin de carrière.

Plusieurs pistes pourraient être étudiées afin de trouver des modalités de départ à la retraite. Aux citoyens de débattre puis de proposer et de mettre en place démocratiquement ces nouvelles modalités d’avenir.

A titre d’exemple (parmi d’autres)

Chaque travailleur devrait pouvoir consulter aisément un professionnel de santé pour établir un bilan sur son état et ses aptitudes réelles. Pas seulement pour dire si la personne peut continuer à exercer à plein temps son métier ou si elle est désormais inapte ; mais pour établir une sorte de profil afin de définir si cette personne peut/souhaite continuer à travailler, comment, dans quel secteur, à quel rythme, combien de temps, et afin de prendre en considération ses compétences et ses attentes, ce qui déboucherait souvent sur une réorientation consentie, voire désirée. Cela signifierait d’ajuster en permanence le profil du travailleur avec sa personnalité et son état, en mettant à sa disposition des services de formation réellement efficaces et adaptés et en agissant envers les acteurs du travail (entreprises, services publics, services de l’emploi) en vue de dégager des emplois pour des personnes qui se réorientent. Et tout ceci en garantissant un niveau de vie juste et digne et non pas un déclassement insupportable.

On sait et on voit que des personnes ayant dépassé les 60 ans souhaitent continuer à exercer un travail car pour beaucoup, au-delà de l’intérêt pécuniaire, cela leur permet de se sentir « utiles », « encore performants », « encore intégrés à la société », « encore stimulés ». Mais, bien souvent il leur devient difficile voire impossible de supporter certaines contraintes surtout à temps plein.

Reculer l’âge minimum de départ qui représente une sorte de « dead line » est donc traumatisant pour une grande majorité de gens. Augmenter le nombre d’annuités minimum de travail pour avoir un revenu vital est encore plus angoissant (« je n’y arriverai pas »). Faire croire à ceux qui désirent une fin de carrière plus douce (en demandant à travailler moins ou ailleurs) qu’ils sont un poids insupportable pour la nation est une injure infâme.

Revenir au sens de l’histoire du temps de travail

Nous avons abordé principalement l’aspect philosophique, le sens de la vie. Plus factuellement on peut aussi mettre en avant le sens de l’histoire. Un coup d’œil dans le rétroviseur montre que jusque dans les années 80 la mécanisation/robotisation et la productivité ont permis à l'homme - certes au prix de luttes de nos anciens - de diminuer tant la pénibilité que le temps de travail qu’il soit annuel avec l’instauration des congés payés, hebdomadaire avec la semaine de 5 jours puis les 35 heures, journalier avec la réduction de l’amplitude de travail ou encore global avec l'abaissement progressif de l'âge de départ à la retraite de 65 à 60 ans au début des années 80. Ces nombreux acquis successifs ont eu lieu parallèlement à une augmentation constante de l'espérance de vie qui aujourd'hui arrive à une asymptote du fait des limites humaines naturelles mais sans doute aussi des retours en arrière sociaux. Notre système de retraite par répartition tant envié - qui a failli être remis en cause par Macron 1er rappelons le - n’avait pas été mis en péril par ces évolutions sociales, pourquoi le serait-il aujourd’hui ? C’est une question de choix politique, de répartition des profits. Le néo-libéralisme - qui n'a plus rien à voir avec le libéralisme, pourtant déjà peu soucieux en soi du volet social - a ouvert en grand les vannes du pillage des richesses produites au détriment de ces multiples avancées sociales. Là est le véritable problème, tout le reste n’est que propagande mensongère.

L’attitude constructive

Nous, citoyens, devant les aberrations impactant l’écologie et la vie humaine, devons prendre en main notre destin social, construire une société du Bien Vivre, démocratique et bienveillante. Il en va de notre survie et de notre dignité.

La réforme des retraites que tente d’imposer le gouvernement actuel est une insulte à l’intelligence et à la nature même de l’humain. Nous devons la refuser de toutes nos forces et en définir ensemble une autre !

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C’est pourquoi les Gilets Jaunes, entre autres collectifs, doivent participer au mouvement de rejet de ce projet gouvernemental désastreux et cynique et définir, en citoyens conscients, d’autres perspectives.


Annexe :

Source : Eurostat :
Deux tiers des personnes âgées de 60 à 64 ans ne travaillent pas. Entre réticences des employeurs et manque de formation, des seniors témoignent de leurs difficultés pour décrocher un contrat.
En France, seuls 56% des 55-64 ans occupent un emploi. Pour les seniors âgés de 60 à 64 ans. Sur cette génération, notre taux d'emploi est de 33%.

Source : Le Sénat :
« Aucune étude ne permet de conclure à une baisse de la productivité avec l'âge » et « es salariés approchant de l'âge de la retraite sont moins susceptibles de quitter une entreprise que les salariés plus jeunes », insiste un rapport d'information du Sénat publié en 2019.

« Pour maintenir les seniors en emploi, dans un monde où le progrès technique avance rapidement, il faut travailler sur leurs compétences », analyse l'économiste Monika Queisser, qui constate que "peu de formations sont proposées au-delà de 45 ans".

« Près d'une personne sur dix part à la retraite (...) à l'issue d'une période d'inactivité pour invalidité ou avec une reconnaissance administrative d'un handicap », souligne une récente note de l'Institut des politiques publiques.

« Forcément, plus vous reculez l'âge de la retraite et plus vous tombez sur des âges où vous avez des chances d'être en mauvaise santé », constate Bertrand Martinot, expert du marché du travail à l'Institut Montaigne.

Le temps passé au chômage est environ deux fois plus long pour les plus de 50 ans que pour l'ensemble des demandeurs d'emploi, selon les dernières données de la Dares.

Les allocations et minimas sociaux des personnes en invalidité, en arrêt-maladie ou au chômage pendant ces années supplémentaires pèseront alors sur les finances publiques. En janvier 2022, la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) estimait que un relèvement de l'âge légal de départ de deux ans entraînerait « une augmentation des dépenses de prestations sociales hors retraite et assurance-chômage de l'ordre de 3,6 milliards d'euros. »

Témoignages :
« Les employeurs veulent des gens expérimentés au prix de ceux qui sortent d'école. »
« Ne pas retrouver un travail correspondant à mon expérience est à la fois désespérant et révoltant. »
« Même si je sais utiliser un logiciel de traitement de texte, je n'ai pas la rapidité de quelqu'un de plus jeune. »



🛑Unissons-nous ! Résistons ensemble,

pour se libérer, du système mafieux politico-financier de la 5° République, ensuite de cette Europe qui veut imposer son nouvel ordre mondial.

Avec tous les citoyens de bonne volonté pour un monde meilleur.

Vive le RIC, premier pas vers une véritable démocratie, pour un gouvernement provisoire de transition, et la réorientation de tous les secteurs vers le bien commun.

On est Là !...

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